lundi 6 février 2017

Un été en février avec Gilles de Montmollin

Les sites de l'écrivain et de l'éditeur - merci à eux pour l'envoi!

L'été en février? Comment Gilles de Montmollin fait-il? Simple, mais il fallait y penser: pour son nouvel opus, "Latitude noire", l'écrivain suisse embarque ses lecteurs dans l'hémisphère sud, dans l'île de Jade. Celle-ci constitue le sud de la Nouvelle-Zélande. Fidèle à lui-même, il propose un roman aventureux et réaliste que l'on dévore. Et il revient à l'univers de la marine, qu'il affectionne, après avoir embarqué ses lecteurs en voiture avec "La fille qui n'aimait pas la foule". Bref, l'évasion est garantie...

Deux époques se chevauchent dans "Latitude noire", celle d'aujourd'hui ainsi que l'année 1941. L'auteur recrée deux navires des marines allemande et anglaise, et décrit une escarmouche non exempte de mystère au large de la Nouvelle-Zélande. Les bateaux sont décrits de manière crédible. S'ils n'ont pas réellement existé (au contraire d'autres appareils, dans d'autres livres du même auteur), ceux-ci portent les noms d'autres bâtiments pas tout à fait imaginaires. Le HMS Aphrodite existe dans un roman historique de Richard Testrake et emprunte son nom à un bâtiment qui, commandé, n'a jamais été construit. Quant au Derflinger, bâtiment de guerre camouflé en cargo, il doit son nom à une classe de croiseurs de bataille allemands d'une génération antérieure. Cela, avec un f en moins, comme pour suggérer l'écart entre le réel et le roman.

C'est cependant à notre époque que l'intrigue démarre, avec un coup de fil mystérieux de Jean-Bernard Duncan à son frère Serge, sexagénaire domicilié à Yverdon-les-Bains. Le suspens s'installe très vite. On s'attache à ce personnage de Serge, retraité pépère que les circonstances poussent à se surpasser, non sans s'interroger par moments sur ce que fut sa vie: échec, succès? Cela, tout en se comparant à ce qu'a réalisé son frère, riche gestionnaire de fortune et dragueur impénitent. C'est le point de vue de Serge que l'auteur adopte: celui du personnage le plus humain de la fratrie, un peu terne peut-être (quoique...), mais rassurant aussi.

Humanité: oui, l'auteur prend plaisir à montrer les personnages qui se côtoient sur les routes de Nouvelle-Zélande, au gré des campings et des déplacements. Les rencontres peuvent être fugaces, intenses, volontiers formatrices pour Serge. L'auteur ne perd cependant pas de vue ce que Jean-Bernard peut cacher, et qui excite les convoitises. Il est amusant d'observer les différents groupes d'intérêt désireux de s'emparer de son secret: un djihadiste suisse radicalisé jusqu'à l'os, et une mystérieuse Eurasienne. Quel sera le fin mot de l'affaire? Sans en dire trop, il est permis d'affirmer que c'est quelque chose comme l'une des chimériques "Wunderwaffen" nazies qui fait courir tout ce monde: l'objet de toutes les convoitises fonctionne, mais il a sombré avec le navire Derflinger en 1941.

"Latitude noire" est un de ces romans à suspens solides qui savent captiver leur lectorat. Ses chapitres sont courts et rapides, et privilégient une certaine efficacité lorsqu'il s'agit de planter le décor. Alliées ou ennemies, quelques jolies femmes traversent ce roman aussi, comme il se doit! Et de la salle de fitness d'Yverdon-les-Bains (à noter que l'auteur a écrit plus d'un texte ayant pour cadre une salle de fitness...) aux campings néozélandais, le dépaysement est garanti pour le lecteur.

Gilles de Montmollin, Latitude noire, Lausanne, BSN Press, 2017.


2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Avec plaisir! Il s'agit là d'un écrivain suisse bien versé dans les romans d'aventures. A découvrir, en effet!

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